SES DEBUTS.
Ce personnage formidablement attachant est "tombé"
très tôt dans la photographie, vers l'âge de 9 ans, au début des années
30.
Un temps, il abandonne la photo, se passionnant pour l'aviation.
Mais un jour, passant et repassant devant la vitrine d'un photographe
cannois, Jean Dieuzaide retrouva le chemin de sa vocation. Désormais,
il ne quittera plus le merveilleux univers de la photo. Ses premiers sujets
? Les copains, "fixés" lors de surprises-parties.
"Yan" passe ensuite au paysage avec du papier
de bonbons, orangé ou rouge, glissé devant l'objectif en guise de filtre
! Et il réalise son premier vrai reportage en août 1944, lors de la libération
de Toulouse. De ce reportage mouvementé, seules quelques images ont été
sauvées. Elles seront publiées par "La Dépêche" : une première
vers la reconnaissance de son talent.
Reconnaissance rapidement confirmée, grâce à un portrait
du général De Gaulle, réalisé place du Capitole à Toulouse, alors qu'il
était interdit d'approcher à moins de 10 mètres pour des raisons de sécurité.
La carrière de reporter-photographe commençait vraiment.
LE REPORTER-PHOTOGRAPHE.
Sa passion pour l'aviation lui ouvre de nombreux reportages
chez les industriels toulousains. La notoriété aidant, le travail de commande
augmente, assurant son indépendance, ce qui est pour lui une "condition
essentielle".
Commencent alors les travaux d'illustration pour l'édition,
qui l'occupent plusieurs années. Refusant de s'enfermer dans un style,
il travaille avec le même bonheur, le paysage, le portrait, la photographie
d'architecture.
En 1951, Arthaud lui commande une série de reportages
sur l'Espagne. Attiré depuis toujours par l'au-delà des Pyrénées, Jean
Dieuzaide rapporte de ce périple ibérique quelques-unes de ses plus belles
images. Par ailleurs, aucun sujet n'effraie le photographe, qui exerce
parfois au mépris de tout danger. Toujours avide de nouveauté, il fait
construire, selon ses indications, un caisson étanche pour réaliser des
photos sous-marines, qui sont publiés à la une de "Photo-Cinéma"
en 1947.
LA GALERIE DU CHATEAU D'EAU.
Outre son art photographique, Jean Dieuzaide nourrissait
déjà une passion pour les expos. Germe alors l'idée de dénicher un lieu
dans la ville de Toulouse où l'on pourrait exposer dignement des photographies.
Par un heureux hasard, il découvre l'édifice qui deviendra quelques années
plus tard la Galerie du Château d'Eau. Le bal est ouvert en avril 1974
par Robert Doisneau, lequel se posait alors des questions fondamentales
sur le devenir de la photographie. Et depuis, ce lieu, devenu véritable
institution grâce à l'opiniâtreté de son fondateur, a accueilli quelques
300 expositions.
DE NOS JOURS.
A ce jour, il est le seul photographe à avoir obtenu
le prix Niepce (1955) puis le prix Nadar (1961).
Aujourd'hui, Jean Dieuzaide a pris une retraite bien méritée,
laissant les rênes du "Château d'Eau" à son fils Michel. "Yan"
le photographe continue, plus enthousiaste que jamais. Pour le plaisir
et le nôtre aussi !
Jean Dieuzaide est décédé le 18 septembre
2003 à Toulouse (Haute-Garonne) à l'âge de 82 ans.
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